École d’été La migration intra-régionale en Afrique. Logiques, pratiques et défis MIASA, Réseau Programme Point Sud et Centre for Migration Studies

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University of Ghana Accra, 23-28 Mai 2019

Appel à candidature
Thème et objectifs de l’école d’été

La migration intra-régionale – volontaire ou forcée – représente la forme la plus courante des déplacements en Afrique, lorsqu’on la compare à la migration africaine vers l’Europe ou d’autres régions du monde. L’histoire de la migration en Afrique remonte à la période précoloniale. Les déplacements des populations ont toujours été au centre des échanges commerciaux avant la conquête coloniale. La mise en valeur des colonies a perpétué cette « tradition » en s’appuyant sur un système « d’importation » de main-d’oeuvre dans les pôles de développement créés en Afrique. Le développement de l’économie marchande, puis la globalisation ont renforcé et accentué ces mouvements considérées parfois par certaines populations comme un mode de vie.
Selon la Banque Mondiale, deux tiers du nombre croissant de migrants venant de l’Afrique sub-saharienne migrent vers des pays du même ensemble régional. Ainsi, cette migration pose des défis majeurs aux États et populations concernés. Elle constitue également un objet de réflexion pour les chercheurs africains et non africains. En dépit de son ampleur, la migration intra-régionale en Afrique constitue le parent pauvre des recherches actuellement conduites sur le continent. Les réflexions sur ce phénomène sont dominées par l’analyse des causes, implications et mécanismes de contrôle des migrations vers l’Europe.
Pour combler un tel déséquilibre, le Merian Institut d’Études Avancées (MIASA), récemment créé à l’Université du Ghana à Accra, et le réseau Point Sud organisent une école d’été à Accra. Elle regroupe des jeunes chercheurs (doctorants ou post-doctorants) et des chercheurs confirmés, de différentes disciplines ayant comme objet d’étude la migration intra-régionale en Afrique sous ses différents aspects. Le but de l’école d’été est double. Il s’agit dans un premier temps de favoriser la confrontation des approches disciplinaires, afin de stimuler un dialogue fécond au sujet des théories, des méthodes et des domaines de recherche relatifs audit thème. Dans un second temps, l’école vise à opérer un décentrement par rapport aux approches actuellement dominantes de la migration en Afrique.
En privilégiant une perspective comparative, ce dialogue multidisciplinaire permettra de déceler des similitudes et des spécificités dans la diversité des formes de la migration à travers le continent.
L’école d’été d’Accra n’a pas la prétention de couvrir l’ensemble des dimensions de la migration africaine. Elle limite le champ en se focalisant sur trois axes principaux :

Axe 1: Logiques, pratiques et histoire de la migration (pourquoi et comment ?)

  •  Quelles formes de migration intra-régionale distingue-t-on en Afrique et quelles sont leurs spécificités (migration de travail, informelle, forcée par de conflits ou changement climatique etc.)?
  •  Qu’est-ce qui lient ces différentes formes?
  •  Quels sont les profils des migrants?
  •  Quels sont les caractéristiques et les symboles de la migration intra-régionale?
  •  Comment se pratique la migration?
  •  Quelles sont les routes de la migration et comment se constituent-elles?
  •  Quels types distingue-t-on au regard du facteur temps (migration cyclique / saisonnier contre des formes plus permanentes)?
  •  Qu’est-ce qui émigrent au-delà des migrants (objets, capital, idées, savoir)?
  •  Quels réseaux de migration sont-ils mobilisés et qui continuent de faciliter la migration et quels sont leurs interconnections multiples?
  •  Comment la frontière est-elle perçue par les migrants ?
  •  Quels dangers existent-ils sur la route pour les migrants?

Axe 2: Admission et intégration de migrants intra-régionales
Cet axe interroge l’intégration des migrants intra-régionale tant du point de vue institutionnel que « par le bas ». La mise en place de regroupements régionaux et sous-régionaux comme la CEDEAO pour promouvoir l’intégration économique et sociale des populations dans un espace délimité est constamment contestée, renforcé ou prolongée par des modes informels d’intégration. La question n’est pas seulement de comprendre les interrelations entre les niveaux d’intégration institutionnels et informels, mais aussi de savoir :

  •  Quelles sont les raisons d’installation ici ou là?
  •  Quels modes d’admission et d’intégration pour les migrants intra-régionaux?
  •  Quelles sont les logiques d’inclusion et d’exclusion de ces migrants?
  •  Quelles politiques et pratiques d’intégration de l’État peuvent-ils être observées (législation, citoyenneté, politiques de l’emploi, politiques de protection sociale etc.)?
  •  De quelles stratégies d’intégration disposent les migrants ? Lesquelles adoptent-ils (réseaux, rôle de la religion, Diaspora, économie, medias sociaux etc.)?
  •  Comment les migrants abordent-ils la société d’accueil et quels défis y font-ils face (identité, ethnicité, conflits foncier)?
  •  Comment perçoit-on le rapport à « l’Autre » dans un contexte de migration intra-régionale (hospitalité, xénophobie, exclusion sociale etc.) ?

Axe 3: Migration intra-régionale et rapports avec les pays d’origine
Les diasporas africaines sont au coeur de la politique publique africaine. Ceci s’explique du fait qu’elles constituent un groupe cible de l’action publique quant aux mesures qui visent la
transformation socio-économique. Au-delà des activités comme les regroupements sous-régionaux, les États africains adoptent des mesures qui visent directement la diaspora. Leurs investissements financiers sont attendus et leur implication dans les élections nationales peut souvent déchainer les passions. En général, les migrants, en fonction des conditions et motivations de leur départ, entretiennent de diverses façons des relations avec le pays d’origine. Nombre de thèmes sont d’intérêts parmi eux :

  •  La migration et le développement local (transferts des fonds, la participation politique etc.)
  •  L’expérience migratoire
  •  Les questions de genre et la migration intra-régionale
  •  Les enfants de migrants (troisième et deuxième génération dans la diaspora) et l’appartenance nationale / et la citoyenneté

Les défis de la recherche pluridisciplinaire sur la migration intra-régionale en Afrique
La migration en Afrique a connu depuis quelques décennies un regain d’intérêt scientifique. Longtemps considéré comme un objet propre à certaines disciplines, la migration est aujourd’hui traitée par plusieurs d’entre elles. Cette approche multidisciplinaire est féconde ; elle contribue à élargir et à enrichir l’analyse du champ d’étude, à enrichir les concepts et à proposer de nouvelles « théories ». Cette richesse nous invite toutefois à interroger l’état de la production du savoir en matière de migration intra-régionale en Afrique.

  •  Quelles théories et concepts sont mises en oeuvre pour analyser la migration intra-régionale?
  •  Ces théories et concepts peuvent-elles adéquatement appréhender la réalité en Afrique?
  •  Quels défis méthodologiques surgissent-ils (base de données; problème de manque de données, données non pas fiables etc.)?

Méthodologie
L’échange scientifique sur les théories, les concepts et les méthodes mobilisés pour la recherche sur la migration intra-régionale en Afrique est au coeur de l’école d’été. Trois approches fondent l’école d’été :

  1.  Les participants bénéficieront d’un aperçu théorique sur différents aspects du thème par des chercheurs seniors spécialisés notamment en anthropologie, en économie, en droit, en histoire, en géographie et en sociologie. Il est prévu de discuter un certain nombre d’articles importants qui seront mis à disposition des participants avant l’école d’été.
  2.  Un autre point d’orgue prévoit que les jeunes chercheurs présentent leurs projets de recherche courant sur la migration intra-régionale. Ces projets seront discutés et enrichis pendant les séances plénières
  3.  Une troisième activité consiste à visiter une institution consacrée à la migration ou à un sujet analogue basée à Accra. Les institutions seront sélectionnées en fonction de leur niveau d’implication et de leur pertinence pour le thème de l’école.

L’école d’été sera organisée dans le cadre des activités de MIASA, en collaboration avec le premier Groupe interdisciplinaire de boursiers (IFG) de MIASA qui travaille sur le thème intitulé “Migration, mobilité et déplacement forcé”. Les deux premiers jours de l’école d’été offriront aux participants l’opportunité de participer au colloque final de l’IFG qui présentera les résultats de ses travaux. C’est l’occasion pour les jeunes chercheurs de rencontrer les experts internationaux de l’IFG.
Conditions de participation à l’école d’été

  •  L’appel à candidatures est ouvert aux doctorants ou aux post-doctorants qui font la recherche sur la migration intra-régionale en Afrique;
  •  Les postulants post-doctorants doivent avoir soutenus leur thèse depuis cinq ans au maximum.
  •  Les doctorants doivent être avancés, afin d’être capable de présenter les résultats préliminaires de leur recherche.
  •  Les candidats doivent travailler sur un des axes de recherche mentionnés ci-dessus.
  •  Une bonne connaissance de l’anglais et/ou français est requise
  •  Les candidats sont tenus de fournir un résumé de leur projet de recherche (500 mots maximum), un CV avec leur affiliation institutionnelle actuelle et une lettre de motivation.
  •  Les documents sont à envoyer par courriel à l’adresse: scholze@uni-frankfurt.de au plus tard le 4 février 2019.
  • Infos pratiques
  •  L’école d’été est financée par MIASA et organisée en collaboration avec le réseau Programme Point Sud, le Centre des études sur la migration d’Accra (Ghana) et l’Université Goethe de   Francfort/Main en Allemagne.
  •  Les frais de voyage et le séjour sont assurés par MIASA.
  •  L’école d’été sera bilingue (anglais et français).
  •  L’école d’été aura lieu du 23 au 28 mai 2019 à Accra/Ghana.
  •  Pour des infos supplémentaires s’adresser à scholze@em.uni-frankfurt.de
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